Lors de balades souterraines récentes, il m’est apparu un détail intéressant, visible dans le « Grand Réseau Sud ».
Il s’agit d’une inscription au ciel, proche du trait noir qui cheminait jadis jusqu’aux Catacombes. C’est en effet, au sud de la rue Rémi Dumoncel dont la galerie de consolidation formait l’ancien chemin de sortie de l’ossuaire, que nous pouvons observer ce toponyme jusqu’alors inconnu. Il se situe plus précisément sous la rue de la Tombe-Issoire :

C’est, à ma connaissance, la seule inscription indiquant un puits « au merle ». Il est intéressant de noter que ce chemin, symbolisé par le trait noir au ciel de la carrière, était cité dans le livre d’Héricart de Thury, Description des Catacombes, précédée d’un précis historique sur les catacombes de tous les peuples de l’ancien et du nouveau continent.
L’ancienne route d’Orléans mentionnée est bien la rue de la Tombe Issoire. On retrouve d’ailleurs toujours sous terre, à peu de distance de l’inscription du puits au merle, des plaques indiquant ce nom de rue.

Le trajet décrit part donc de la porte est de l’ossuaire, dite de la Tombe-Issoire et se dirige vers le sud sous la rue du même nom. Ces galeries ne sont aujourd’hui plus accessibles car elles ont été comblées par injection, de la volonté d’isoler le musée des Catacombes du reste du réseau de carrières.
Au croisement formé par la convergence des rues de la Tombe-Issoire et de l’Avenue René Coty (anciennement avenue de Montsouris) se trouvaient les plaques « Ossa Arida » qui ont été déplacées dans le GRS en 1983. L’administration avait alors décidé de laisser ces plaques en place. Or, ces dalles, qui pèsent plusieurs centaines de kilos et qui font partie de l’histoire de l’ossuaire auraient à jamais été perdues dans l’injection sans l’intervention de passionnés pour les déplacer hors du secteur menacé. Elles se trouvent aujourd’hui au carrefour de la galerie de l’avenue René Coty et de la galerie de consolidation de l’aqueduc d’Arcueil.

En continuant de suivre ce trait noir, nous laissons à gauche une autre plaque indiquant la « Maison de la Tombe Ysoire ». Cette plaque, préalablement insérée dans un mur de pierre sèche était aussi comprise dans le secteur amené à disparaître en 1983. Elle avait été mise de côté en même temps que les plaques d’Ossa Arida mais nous en perdons ensuite la trace. Elle a probablement été volée.


Toujours au sud, nous passons un pilier tourné sur lequel est gravé « Ancienne route d’Orléans », cette plaque est encore visible aujourd’hui. Et face à cette inscription se trouvait une plaque indiquant la « Plaine de Mont-rouge ». Cette plaque a été retirée par l’Inspection Générale des Carrières pour une raison inconnue (restauration ?).

Poursuivons vers le sud et nous arrivons à la hauteur de la rue Bézout, cette partie de la carrière était plus vaste qu’elle ne l’est aujourd’hui et c’est à peu près là, à hauteur d’une autre plaque « Ancienne route d’Orléans » que nous découvrons notre inscription au ciel suivant le trait noir.

En continuant à suivre ce trait, aujourd’hui, on se rend compte qu’il rentre dans une partie comblée de la carrière. Cette galerie primitive était vraisemblablement le chemin initial de l’Inspection avant le percement de la galerie sous la voie publique vers 1875.

Si on pouvait suivre le trait encore aujourd’hui, on découvrirait tout d’abord, sur notre droite, le puits à eau percé d’une baie cité par Héricart et en lien avec les bassins à chaux du secteur. Après quoi on arriverait au bout du cheminement au puits pyramidal, aujourd’hui muré et comblé et qui est vraisemblablement ce fameux pui(t)s au merle. En tout cas nous pouvons le penser, car, ce trait noir marquant le chemin depuis l’ossuaire, nous ne le retrouvons ni sur la continuité de la rue de la Tombe Issoire, ni au débouché de l’ancienne galerie, au droit des consolidations de l’aqueduc d’Arcueil (aujourd’hui face à la salle dite « Kraken »).
Pour finir, je trouve intéressant de retrouver un toponyme ancien, inconnu jusqu’alors et qui a fini par donner le nom à un chemin de l’ossuaire à une période reculée de l’inspection. S’agissait-il simplement du nom donné au puits, devenu un repère géographique important pour ce réseau de souterrains qui n’était alors pas totalement déterminé par les murs de consolidation que nous connaissons aujourd’hui ? Était-ce plutôt le nom d’un ouvrier étant connu pour avoir travaillé au niveau de ce puits et dont le patronyme aurait été conservé ? Ou bien est-ce le nom d’un propriétaire dont le terrain a servi pour le percement de ce puits pyramidal ? Quoi qu’il en soit, beaucoup de mystères historiques recouvrent encore ce lieu.
Remerciement
Merci à Pinson pour la relecture

